• Dangereuse verticalité

    Premier de cordée

    Point n'est besoin d'être diplômé en physique pour savoir que plus une paroi est verticale, plus elle est casse-gueule.
    Pour peu que l'on file la métaphore de l'alpinisme, la moindre erreur du premier de cordée a vite fait d'entraîner toute la cordée dans le gouffre.
    Au premier de cordée de faire le bon choix : soit grimper vite en prenant des risques pour faire grimper sa propre coté et montrer son audace, soit assurer chaque point d'ancrage en prenant soin d'assurer chaque prise pour ceux qui le suivent quitte a passer pour un timoré. Dans le premier cas il y a des chances que ça casse, dans le deuxième les chances que ça passe sont augmentées.

    L'ivresse des cimes

    Macron se voulait disruptif et selon qu'on prenne le mot au sens électrique ou au sens marketing, il y est parvenu au point que d'étincelle en étincelle, beaucoup attendent l'embrasement. En marketing, comme le soulignent Les Échos "Être disruptif, c'est être le premier, le seul, sans concurrent et créer ainsi une nouvelle demande". 
    En jouant le "dégagisme" et en ringardisant le monde d'avant, Macron vise à dégager la concurrence électorale mais, "en même temps", en voulant "être le premier, le seul" il a confisqué le débat démocratique au point d'alerter la Commission européenne sur l'état de la démocratie en France tout en créant le malaise dans son parti.

    De grands coups de menton martiaux en postures de général en chef il affirme sa stratégie pour le moins fluctuante (nec mergiture ?) et déroutante mais refuse d'appliquer le bon vieil adage qui a fait ses preuves au fil des épreuves de notre pays : "l'union fait la force". Même si parfois il feint la concertation et la proximité, les marqueurs de l'ADN macronien sont ceux de la boulimie d'un pouvoir presque absolu qui le poussent à déclarer tout et son contraire, comme durant ces 19 mois de pandémie.

    Le risque de dévissage

    Quoi que l'on pense du virus, de la crise qu'il l'accompagne et de la vaccination, les différentes prises de parole du président et des membres de ses gouvernements depuis février 2020 laissent à l'ensemble des Français une sensation de tournis permanent et, pire, d'un manque total d'anticipation à long et moyen terme.

    A la décharge de Macron, il n'est pas du tout certain que ses opposants auraient géré cette situation extraordinaire avec plus de réussite et les gesticulations à gauche comme à droite ne peuvent masquer l'effondrement de notre système de santé depuis 2003.
    Mais certains firent des propositions concrètes, superbement ignorées par le pouvoir, qui en est aujourd'hui encore réduit aux mesures coercitives qui le coupent encore plus de certains Français.

    Alors que les candidats se massent déjà en désordre sur la ligne de départ des prési-dentielles, l'actuel locataire de l'Élysée fait profil bas bien que certains signes ne trompent pas et déjà les lèche-pompes et courtisans de tout poil le donnent vainqueur en soulignant l'absence de candidat sérieux face au grand homme.

    C'est oublier un peu vite que, sous la Vème république jamais un quinquennat ne fut aussi chaotique, même en 1968, et jamais un président ne fit l'objet au mieux d'un tel rejet, au pire d'une haine qui s'exprime désormais haut et fort.
    Au sein même d'EM! (le nouveau nom de LREM), l'hémorragie de 34 parlementaires (29 députés et 5 sénateurs) a fait perdre environ 1,3 M d'euros au parti présidentiel entre 2020 et 2021.
    Plus grave et encore plus significative, la perte de 95 % d'adhérents entre 2017 et juillet 2020 (de 418 000 en 2017 à 20 000 en juillet 2020) aurait tout lieu d'inquiéter Jupiter. Une militante de la première heure déclarait "Aux régionales, nous n'avons pas les moyens de gagner, mais on a les moyens de faire perdre" tandis qu'un député encore fidèle livrait, sous le sceau de l'anonymat, un diagnostic pour le moins alarmant : "En Marche est en état de mort cérébrale".

    Place du Carrousel 7 mai 2017 (Source Le Point)

    Les 398 000 "déserteurs" lui reprochent la même chose que la rue : son mépris vis-à-vis d'eux après la victoire, des statuts de parti staliniens et un déni de démocratie, une orientation à droite toute bien éloignée de la doctrine du "en même temps" et la propension du chef de l'état à leur reprocher ses revers par leur manque "d'imagination" et d'implication sur le terrain.

    C'est dire que les "marcheurs" eux-mêmes craquent, les Français eux sont à bout de ce pouvoir ultra vertical.

    L'image de la marche du nouveau président du 7 mai 2017 prend aujourd'hui une toute autre signification : celle d'un homme désormais isolé qui a tellement renié la démocratie que, pour être réélu il ne pourra compter que sur un parti, devenu le plus important de France : celui des abstentionnistes.

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