Contrairement à ce que pourrait laisser croire le titre de cet article, il n'est pas question d'aviculture mais de la crise des "gilets bleus" révélée par celle des Gilets jaunes.

Je n'ai pas de tendresse particulière pour les forces de l'ordre, encore moins au vu de certaines exactions ultra violentes à l'encontre des manifestants, mais elles sont les garantes de la sécurité des citoyens et du pays et méritent en cela notre respect mais aussi celui des dirigeants du pays. Et là non plus le compte n'y est pas.

Et l'heure des comptes vient justement de sonner pour les forces de l'ordre.

Ce dernier mois les forces de l'ordre ont été largement sollicitées et elles ont donné sans compter énergie et coups de matraques.
Bon, cessons de blaguer pour revenir à une réalité de terrain.

Qui est entré dans un commissariat a pu constater de visu que les conditions de travail des forces de l'ordre ne sont pas à la hauteur des enjeux de sécurité et de protection des citoyens. Locaux vétustes, matériel obsolète, jusqu'à des restrictions de carburant à une certaine époque... Un ancien ministre de l'Intérieur, Pierre Joxe, s'était attaqué au problème de la modernisation de notre police mais le jeu de chaises musicales politiques a mis un frein à une réforme plus que nécessaire.

Aujourd'hui on mesure l'effet Sarkozy qui a durablement fragilisé le corps qu'il représentait avec d'une part une baisse drastique des effectifs et d'autre part une sollicitation accrue des forces de l'ordre. Quant à la politique du "mérite", gestion purement comptable, elle a démotivé nombre de fonctionnaires de police en remplaçant l'efficacité réelle par une "efficacité" statistique.

22 millions d'heures sup non payées, heures de nuit "royalement" majorées de 0,97 cts d'euro, conditions de travail déplorables, matériel insuffisant (comme les militaires, les policiers doivent s'équiper eux-mêmes)... quel travailleur accepterait ça ?
Alors aujourd'hui la police monte à son tour au créneau pour réclamer légitimement son dû auprès du ministre de l'Intérieur et du président.

Et la première réponse à leurs revendications est à pleurer !
300 € de prime pour les forces de l'ordre qui sont intervenues lors des manifestations des Gilets Jaunes ! Même pour le citoyen lambda cette réponse est inacceptable.

Inacceptable car on peut se demander comment sera distribuée cette prime : à la tête du client ? Inacceptable car inique pour ceux qui ont se sont "contenté" de faire leur travail auprès du public, continuant d'assurer les tâches courantes. Inacceptable car elle ne répond pas à la demande légitime d'être payé correctement, tout simplement, pire ! C'est une aumône méprisante "Prends ça et ferme ta gueule !".

Apparemment le secrétaire d'État auprès du ministre de l'Intérieur, Laurent Nuñez, annonce un changement de cap avec la mise en place d'un échéancier pour apurer cette dette de l'État auprès de sa police et la reconstitution des affectifs à leur volume de 2007.

Mais au-delà des chiffres, le mouvement des policiers met lui aussi en pleine lumière l'incroyable manque d'anticipation du pouvoir, son ignorance des réalités du pays qu'il est censé mener à bon cap.
Allez Manu... encore un effort et tu auras réussi là où les autres ont échoué : unir la France.
Contre toi.