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L'agriculture française au pain sec
Comme chaque année depuis un demi siècle la "plus grande ferme de France" ouvre ses portes. Comme chaque année le Président va "tâter le cul des vaches", flatter le monde agricole sous l'œil vorace des caméras.
Comme chaque année il y a les images et les petites phrases qui frappent. Chirac engloutissant bière et charcuterie, François Hollande répondant à une gamine qui lui disait "Je l'ai jamais vu, Nicolas Sarkozy - Ah ben, tu ne le verras plus !", ou le "Casse toi pôv' con !" de Sarkozy, devenu un gimmick des manifs.Mais derrière les images qui font l'audimat, il y a ces petits reportages sur le monde agricole qui laissent parfois sans voix, ou qui fâchent.
A l'instant où je rédige ce petit édito, Macron vante sa politique, ambitieuse bien évidemment, passée et à venir. Il demande un effort aux distributeurs, ce qui en soit est parfaitement logique. A un détail près passé sous silence : lors du lancement du Plan Alimentation où un effort a été demandé à la grande distribution pour mieux rémunérer les producteurs, ce fut un concert de lamentations sur les marges mais Macron a toujours une solution, en l'occurrence une augmentation de 2 % sur "les produits issus de l'agriculture", Au chapitre de la sécheresse il annonce "un plan ambitieux" sur fond de restrictions. Bien vu de la part d'un gouvernement épinglé pour la énième fois par l'Europe pour sa gestion désastreuse de l'eau.
Les beaux discours, ça ne nourrit pas son homme et au bout de la chaîne, le consommateur paie les pots cassés.Les boomers dont je suis ont vu se dégrader la situation tant dans le monde agricole que dans leur assiette et se demandent comment la France qui, avec l'Ukraine, était considérée comme une puissance agricole en est venu à perdre sa souveraineté agricole.
Quant aux consommateurs, ils en ont marre de payer toujours plus cher pour bouffer de la merde et ils ont de plus en plus l'impression d'être des vaches à lait qui permettent à la grande distribution de faire son beurre.Ce matin, j'ai bien failli recracher mon café en entendant qu'un producteur de viande bovine était rémunéré aux alentours de 5,40 €/kg quand au super marché du coin elle est vendue aux alentours de 25 € en moyenne. Le viande de vache laitière au rebut est à peine moins chère. Qui se goinfre ? Et dans nos assiettes, il n'y aurait que 23 % de poulet français. Un nuciculteur se retrouve avec sa production invendue sur les bras alors qu'en magasin elles sont à prix d'or et qu'il faut galérer pour trouver de la véritable huile de noix ; on lui propose 0,40 €/kg ! J'en passe et des meilleures...
On nous explique doctement que c'est la faute à l'Ukraine, à l'énergie, au climat, au covid, à Poutine, à ma tante... Diminuer le nombre d'intermédiaires (comme en Allemagne), relancer la souveraineté alimentaire de l'Europe plutôt que de s'agenouiller devant la loi de marché, faire payer les pollueurs et accros aux pesticides pour financer une agriculture éco responsable (sans green washing), répartir plus équitablement les subventions européennes en faveur de nos producteurs plutôt que celle des géants de l'agroalimentaire, et laisser les collectivités locales se charger de cette répartition plutôt que la FNSEA, ce pourrait être un bon début, non ?
Je sais que dans "consommateurs" "sommateurs" est un suffixe mais y en a marre qu'on nous prennent pour des préfixes !
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