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Macron le patator
Dans le cadre de son "tour de France", qui n'a bien sûr rien à voir avec une future élection présidentielle, le président s'est rendu en Polynésie pour une visite de quatre jours, bienvenue tandis qu'en métropole ses ministres et sa majorité bataillaient pour gérer la nouvelle fronde provoquée par les déclarations présidentielles faites le 12 juillet et qu'environ 170 000 manifestants battaient le pavé.
Images dignes du meilleur guide touristique, accueil chaleureux relayé par les media qui se sont bien gardé de nous montrer les fâcheux venus rappeler aux métros les souffrances de l'archipel suite aux essais nucléaires, ton paternaliste et très "ancien monde" du président du nouveau, toutes les conditions étaient réunies pour que cette visite soit pour lui une oasis politique en ces temps troublés.
C'était compter sans Macron soi-même qui ne peut s'empêcher de faire du Macron.
En ce 24 juillet donc, antivax et antipass sont dans la rue, le pass sanitaire divise les politiques par certaines de ses incohérences voire aberrations. Globalement, l'ensemble des Français s'interroge et a besoin de comprendre.
Plus que jamais, la parole présidentielle est attendue.
Si le message s'adresse en premier lieu aux Polynésiens, il s'adresse également à l'ensemble de la nation. Le président distribue les bons points, en commençant par lui-même
Partout nous devons faire société, on ne doit jamais l'oublier.
Alors que cette phrase annonce un propos qui se veut fédérateur, très rapidement arrive l'anathème. Après une leçon sur la Liberté, individuelle et collective, plutôt bien argumentée au demeurant, Macron se livre à son jeu favori : la culpabilisation.
Alors qu'on aurait pu attendre qu'il convainc ou, qu'à tout le moins, il fasse réfléchir, il invective : au large registre de ses mots d'oiseau à l'encontre de certains, s'ajoute désormais l'accusation "d'égoïsme" et "d'irresponsabilité".
Le "garant des institutions" oublie que la démocratie ne se pratique pas à marche forcée et qu'elle n'a jamais été aussi malmenée que sous son mandat, comme s'en inquiète la Commission européenne.Oublié également son "pari" du mois de mai contre toutes les mises en garde des professionnels de santé. Thuriféraires et media adoubaient alors le nouveau génie épidémiologiste.
Oubliée la maxime d'Émile de GirardinGouverner, c’est prévoir. Ne rien prévoir, ce n’est pas gouverner, c’est courir à sa perte.
Or ce fameux variant Delta, ex indien, n'est pas apparu subitement. au début du mois. Il est apparu en octobre 2020 en Inde et en avril sur le territoire français. C'est dire si le "pari" présidentiel tenu contre tous les avis de la communauté scientifique apparaît aujourd'hui sous son éclairage le plus cru : irresponsable sinon criminel.
Mais Macron se félicite. La vaccination accélère (oui mais pas partout) et se permet une touche d'humour :
Chacune et chacun est libre de s'exprimer, dans le calme, dans le respect de l'autre sauf à ce que le virus ne cède aux manifestations. Mais tel que j'ai compris son fonctionnement depuis le début je ne crois pas qu'il y ait grande efficacité à manifester contre lui.
Dans le genre "foutage de gueule" difficile de trouver mieux !
Emmanuel Macron oublie que si, effectivement, les manifestations sont inefficaces contre le virus, il en va de même des rodomontades et des coups de menton !¿ Le 26 mai, par exemple, le gouvernement annonçait un contrôle sanitaire renforcé aux frontières après des mois de laxisme qui a permis au virus de d'entrer tranquillement sur le territoire. Mais sur le terrain, de nombreux voyageurs témoignent qu'ils n'ont fait l'objet d'aucun contrôle, comme s'en est étonné le Pr Froguel le 19 juillet sur France Info IdF.. Apparemment les effets "scrogneugneu" laissent le virus aussi insensible qu'aux manifs.
Lors de cette conférence de presse, Macron avait l'opportunité d'envoyer un message d'apaisement et de se montrer pédagogue. Mais, encore une fois, le président fait le choix de la stigmatisation, de l'invective et de la culpabilisation et ses rappels incessants à la "nation de Pasteur et des Lumières" ne feront pas de lui un despote éclairé aux yeux de ceux qui n'en peuvent plus de cette gouvernance erratique.
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