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Pierre Palmade : une récupération médiatique
Depuis sa première apparition dans La Classe1 en 1988, où il rencontre Michèle Laroque ou encore Jean-Marie Bigard, Pierre Palmade s'est imposé comme humoriste, auteur et acteur.
Son physique de perpétuel ado énervé et ses portraits au vitriol séduisent ou exaspèrent mais au fil des années et de ses diverses collaborations, il était devenu un incontournable parmi les humoristes.Pierre Palmade, un toxico comme les autres
Pierre Palmade et la cocaïne, c'est une longue histoire qui aurait débuté dès son arrivée à Paris. Ce n'est pas un cas unique dans le show biz, pire, c'est presque devenu banal.
Pour Pierre Palmade c'était même devenu une "nécessité" professionnelle comme le déclare Benjamin Locoge2 sur BFM TV.Sa carrière ne tient que parce qu'il a pris de la drogue [...] Il trouvait même ça un peu drôle, car il faisait rire grâce à ça et ça a toujours été accepté
Aujourd'hui, ça n'a plus rien de drôle et pour l'artiste la descente est brutale car des vies ont été détruites irrémédiablement. La sienne y compris.
Media : du caniveau aux égouts
Comme derrière tout fait divers il y a des drames humains et même si notre bonne conscience nous pousse à une empathie naturelle avec les victimes, le drame humain se joue aussi du côté du criminel ou, comme ici, du responsable du drame.
Je n'éprouve aucune sympathie pour Pierre Palmade et je me moque comme d'une guigne de savoir quelles raisons profondes ont fait de lui un toxico. A mes yeux ses actes ne sont pas excusables.
Mais je trouve absolument dégueulasses les dérives de certains media qui, loin des faits, exploitent ce qui n'est jamais qu'un fait divers et qui ne ferait qu'un entrefilet dans les journaux locaux n'eût été la notoriété du mis en cause.Passée la séquence compassionnelle à l'égard des victimes et la séquence des interrogations journalistiques sans aucun intérêt, c'est un déballage crapoteux sur la vie sexuelle de Palmade, comme si le fait qu'il soit homosexuel était une circonstance aggravante.
Amalgame et stigmatisation
Ainsi Benjamin Locoge dans l'interview déjà mentionnée qui dévoile qu'il "a besoin de longues périodes où il fait la bringue avec ses potes, où l'objectif est de baiser et de se défoncer". Aucun rapport avec les faits mais ça stimule l'audience.
Sans surprise, Cyril Hanouna remue la fange en invitant un ex de Pierre Palmade qui se livre à un grand déballage sur ses relations sexuelles tandis que Jean-Marie Bigard livre ses commentaires plus gras qu'un steak haché de la même marque "Je suis déjà rentré en risquant uniquement ma vie à moi parce qu’en deux-roues tu ne risques pas d’écraser un bus ou une voiture."
BFM TV toujours à la pointe de l'information, révèle que Palmade "aurait consommé des drogues de type chemsex en injection" ! Et Europe 1 d'emboîter le pas "Le comédien aurait consommé pendant cette soirée plusieurs drogues, notamment de type chemsex".
Dans son article intitulé "Accident de Pierre Palmade : qu'est-ce que le chemsex, cette pratique au cœur de l'enquête ?", Europe 1 fait quand même le boulot que BFM TV ne s'est pas donné la peine de faire : expliquer ce qu'est le chemsex, contraction des mots chemical et sex.Qu'importe l'information brute car derrière ces propos se cache une stigmatisation de la population LGBT, notamment les homosexuels.
Pour ces media conservateurs voire droitiers, le traitement de l'information est prétexte à faire passer des messages idéologiques au mépris de la déontologie et ce fait divers est une aubaine pour faire passer en filigrane un message homophobe.
Analyser l'efficacité de la politique antidrogue en France ? Parler de prévention, et de son efficacité ? Sans intérêt pour ces fouille-merde.Si Pierre Palmade avait été hétéro, l'aurait-on seulement mentionné ? Non !
Pierre Palmade est responsable de ce drame mais seulement parce qu'il a pris le volant sous l'emprise de stupéfiants et uniquement pour ça.
Et c'était déjà beaucoup trop.
1 : émission créée par Guy Lux et animée par Fabrice, diffusée par FR3 puis France 3. Entre autres élèves, elle a révélé Michèle Laroque, Elie Kakou, Jean-Marie Bigard, Muriel Robin, Laurent Ruquier, Anne Roumanoff ou encore Les Vamps.
2 : rédacteur en chef du service culture de Paris Match
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