• Retraites : 49.3... centième !

    Tout le monde s'y attendait.

    Élisabeth Borne a pourtant fait plus de concessions aux députés LR qu'elle n'en a fait aux syndicats pour grapiller les voix qui auraient permis un vote de la réforme plutôt que de recourir une onzième fois au 49.3.
    Ces dernières 48 heures l'exécutif s'est livré à des comptes d'apothicaire pour arriver à la conclusion que les voix LR ne seraient pas au rendez-vous.

    Si elle n'a pas encore atteint le record détenu à ce jour par Michel Rocard bien qu'elle détienne le record de fréquence (environ un 49.3 tous les 28 jours), l'histoire parlementaire retiendra que ce 49.3 est le centième de la Vème République.
    Piètre consolation face à la triste séquence que nous ont jouée l'exécutif et le législatif depuis des semaines...

    Derrière le ton ferme de la Première Ministre les propos trahissent l'amertume de l'échec politique et le déni de responsabilité.

    Échec de n'avoir pas su justifier une réforme tricotée et présentée à la hâte, échec de ne pas avoir su l'expliquer, échec de sincérité en mentant sur le caractère "juste" et "social" de la réforme, échec de ne pas avoir su convaincre un parti qui dans son programme proposait une réforme encore plus dure mais qui d'un coup se découvrait une fibre sociale, échec des "négociations" avec les syndicats... ça fait beaucoup.

    Mais le Président et le Gouvernement rejettent toute responsabilité.
    Les responsables sont les députés LR.

    citant Michel Rocard "Dans un scrutin où chacun voterait selon sa conscience, permettez-moi de dire que je suis sûr que ces dispositions réuniraient une majorité, peut-être même une large majorité.Ces mots, aujourd’hui, je les fais miens.[...]
    J’ajoute que si chacun votait selon sa conscience et de manière cohérente avec ses prises de position passées, nous n’en serions pas là cet après-midi. [...]
    Cet après-midi, je n’ai pas envie de revenir sur les échappées personnelles qui peuvent faire oublier à certains les positions qu’ils défendaient quelques mois plus tôt avec leur famille politique.

    Les responsables ce sont les députés de la NUPES, LFI en tête

    Cet après-midi, je n’ai pas non plus envie de revenir sur le comportement de ceux qui ont tout fait pour bloquer le débat, qui ont refusé d’échanger, idées contre idées, programme contre programme, et se sont contentés de multiplier les insultes, les excès et les attaques. [...]
    Les cris, au moment même où je m’exprime, n’en sont qu’une preuve supplémentaire ! Ce sont les mêmes qui n’ont cessé de remettre en cause notre procédure parlementaire, nos institutions et donc, notre démocratie.

    Antienne désormais rodée de la Macronie : qui ne vote pas dans le sens de la majorité remet en cause la démocratie.
    Élisabeth Borne n'oublie pas le RN qui, jusque là se tenait plutôt tranquille.

    Enfin, cet après-midi, je n’ai pas envie de revenir sur le mutisme de ceux, à l’extrême droite de cet hémicycle, qui sont restés tapis dans l’ombre tout au long des débats, qui ont préféré se taire, profitant en silence des outrances des uns et des revirements des autres.

    Le grand échec d'Emmanuel Macron

    Dans sa liste en forme d'anaphore, la Première Ministre oublie le grand responsable de ce fiasco politique : le Président lui-même.

    Emmanuel Macron a oublié un détail : la politique est un métier et on ne dirige pas une nation comme une start-up.

    On ne peut pas "en même temps" s'essuyer les pieds sur les corps intermédiaires, ici les syndicats dont la CFDT qui aurait pu être un allié, et s'attendre à leur passivité.
    On ne peut pas "en même temps" vouloir faire exploser la droite républicaine, les LR, et les appeler ensuite à soutenir le gouvernement.
    On ne peut pas "en même temps" mener une politique qui sert les plus riches et demander aux classes moyennes et aux travailleurs de "première ligne" de payer la facture de "l'argent magique" pas pour tout le monde.
    On ne peut pas "en même temps" utiliser la Constitution pour empêcher le débat démocratique (vote bloqué, 47.1, débats contraints) et attendre des Français qu'ils acceptent sans broncher cette confiscation de la parole d'élus au suffrage universel.
    Utiliser le processus parlementaire pour bloquer le processus démocratique ne peut qu'être dangereux pour le bon fonctionnement de notre démocratie.

    A trop vouloir laisser une trace dans l'Histoire (selon des proches du président), Emmanuel Macron a réussi l'exploit de ne même plus pouvoir revendiquer une majorité relative, créant un précédent inédit qui fait frémir jusqu'aux membres de sa majorité. comme ce député du groupe Renaissance qui se confie à Médiapart.

    Le président de la République redoutait que la motion de rejet passe, d’où ce choix, mais c’est une catastrophe, on a tout perdu, on entre dans une crise institutionnelle et politique dont personne ne sait comment on va sortir

    Le clap de fin n'est pas encore tombé sur l'épisode de la réforme des retraites (motions de censure, manifestations) que déjà se profile le projet de loi "France Travail" ou loi pour le plein emploi.

    Vous reprendrez bien un petit 49.3 ?

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