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Motions de censure rejetées
A 18 h 47 la présidente de l'Assemblée Nationale; Yaël Braun-Pivet, a annoncé le résultat des votes de la motion de censure déposée par le groupe LIOT : 278 votes pour 287 voix requises pour son adoption.
Cliché Ludovic Marin pour l'AFPNeuf voix. Ouf ?
Mathématiquement le gouvernement sauve sa peau et peut se draper, comme il sait si bien le faire, dans la toge de la légitimité démocratiquement exprimée.
Lors des débats qui ont suivi la présentation des motions de censure, la tension était palpable lors des interventions de la présidente du groupe Renaissance, Aurore Bergé, et de la première ministre qui ont choisi le registre de l'agressivité, de l'attaque personnelle, du règlement de comptes avec LR et de l'autosatisfaction.
Traduction d'un peu (beaucoup) d'appréhension ?Autant dire que ces neuf voix ont dû relativement soulager l'exécutif et ses alliés qui dénoncèrent à l'envi des alliances contre nature ou des "noces barbares".
Pourtant ces neuf voix sont un terrible coup de semonce tant pour la première ministre et son gouvernement que pour le patron, Emmanuel Macron.
Le boulet n'est pas passé loin et le gouvernement peut quand même remercier les Républicains car, même si ils furent presque deux fois plus nombreux que prévu à voter la motion de censure portée par Charles de Courson, les troupes ont globalement été "tenues".La charge des Républicains
Cependant, l'intervention d'Olivier Marleix lors des débats a de quoi inquiéter le gouvernement : bien que qualifiant de "noces barbares" le caractère transpartisan de la motion de censure, c'est à Emmanuel Macron qu'il adresse les mots les plus durs.
Soyons clairs. Le problème aujourd'hui, ce n'est pas la réforme des retraites, c'est le président de la République.
Cette nécessaire réforme des retraites paye six années d'un exercice isolé, parfois narcissique et souvent arrogant du pouvoir, comme insensible à la vie des Françaises et des Français. D'un pouvoir qui est soit reclus à l'Élysée, soit à des milliers de kilomètres. Le jour où je recevais les syndicats d'EDF qui m'exprimaient leur dépit face à l'absence de dialogue du gouvernement, le président Macron était dans un bar de nuit à Kinshasa. Quel décalage !
Nous regrettons cette méthode qui confond volonté politique et absence de dialogue social, réel et sincère, avec les partenaires sociaux. Une méthode qui laisse place à tant de revirements et d'incohérence. Ne vous étonnez pas que des Français n'adhèrent pas à votre réforme puisque le président Macron lui-même, il y a trois ans, la critiquait avec virulence.
Le président de la République n'a-t-il rien retenu de la crise des Gilets Jaunes ?
Sans le respect des Français, des corps intermédiaires, des partenaires sociaux, rien n'est possible.
Le bras d'honneur, Madame la première ministre, n'est pas une méthode de gouvernement.Pour l'exécutif qui voyait une force d'appoint chez les députés du groupe LR, c'est la fin des illusions : pas de motion de censure mais pas de blanc seing non plus. Tout pari sur les voix LR pour les futurs projets de loi sera un calcul aléatoire.
Un gouvernement dans la tourmente
Même si le vote n'a pas dégagé une majorité suffisante pour renverser le gouvernement, les oppositions ont prévenu : le combat n'est pas terminé.
Demain elles saisiront le Conseil Constitutionnel qui devra se prononcer sur le véhicule parlementaire suivi par le gouvernement et juger si il y a eu déni de démocratie.
Sa décision laisse peu planer le doute, ses derniers avis ayant toujours été favorables au gouvernement.Mais l'avenir du gouvernement Borne s'annonce des plus sombres : soit Emmanuel Macron la maintient à son poste, et ses marges de manœuvres sont des plus compromises, soit, cyniquement, il sacrifie sa ministre et opère un remaniement.
Dans un cas comme dans l'autre, Macron a définitivement perdu ce qu'il lui restait de légitimité aux yeux des Français.
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